mardi 31 janvier 2017

De Siem Reap au Laos.

Bonjour,

Dernier article sur le Cambodge.
Après Angkor me voici sur des routes moins fréquentées avec une population moins habituée à rencontrer des étrangers. Pour preuve la difficulté d'échanger lorsque l'autochtone ne parle que le kmer. Avec attention et écoute dans majorité des cas on finit par se comprendre. 

En conclusion de cet article je vous donnerai quelques repères sur le Cambodge et terminerai par des remerciements à Jean Bernard Berger et Accueil Cambodgien en France.

Les photos qui suivent sont un défilé de ma route. Montez sur mon porte  bagage et ouvrez les yeux.

Quitter Siem Reap en traversant le site d'Angkor.

Dernière traversée du site d'Angkor, cette fois avec une meilleure luminosité.


Les douves d'Angkor Vat.







Le barray est.
Pour alimenter en eau les cités qui faisaient vivre à l'intérieur et alentours des centaines de milliers de personnes, irriguer les plantations agricoles il fut creuser à l'ouest et à l'est deux immenses bassins d'eau appelés Barray aux dimensions d'environ 2,8 km sur 8 km.

Au revoir Angkor.


Sur la route en campagne.

Maintenant direction nord-est pour rejoindre le Mékong dans quelques jours.
Je traverse désormais des zones agricoles et forestières, un habitat plus dispersé. 
Clin d'oeil  à Catherine et sa famille, mon agricultrice préférée. 
A quand des buffles comme ceux là dans le Cotentin? 

Dans les sacoches toujours de quoi manger pour une journée ou deux au cas ou! Ce midi pas de petits "estaminet" de bord de route, où trouver une soupe, un bol de nouille. Seul offre du secteur ce type de restauration. En quoi cela consiste-t-il?
Dans le creux du bambou vous remplissez de riz avec quelques grains de petits haricots noirs. Vous remplissez avec du lait de coco. Vous bouchonnez avec de la paille humide. Vous laissez cuire pendant quelques heures au dessus d'un charbon de bois selon l'inclinaison repérée sur la photo. Régulièrement vous tournez le bambou..


Pour manger vous effeuillez le bambou et ainsi vous disposez d'un beau rouleau de riz compact cuit au goût sucré.
 C'est très bon. 





Marchand de meubles.

Préparation de mon petit déjeuner, la soupe aux nouilles avec fines herbes et morceaux de viandes, pas toujours définissables, fût excellente. 

Table d'à côté des écoliers s'enfilent un bol de soupe bien épicé, dans le flacon c'est de piment!

A trois mètres de ma table, cette dame a créé son petit commerce. Elle confectionne des gaufres.

Découpage de la viande mise dans mon bol de soupe.

Morceaux de volailles grillés. Cette femme porte un krama joliment posé sur la tête.

Traversée de village.

Dans le secteur les enfants n'ont pas d'uniforme d'écolier.






Bananeraie.

No comment! 


La sécurité n'est pas une priorité sur les chantiers. Pas de casque, pas de harnais!








Station service essence pour motos.

Je livre quincaillerie, ustensiles en tout genre, .....

Une image déconcertante, peu fréquente mais quand même que je retrouve régulièrement sur mon passage pour ne pas l'évoquer. Je suis arrêté en milieu de matinée pour me désaltérer parmi une des nombreuses boutiques qui confectionnent repas, vendent des boissons, de l'épicerie, Alors que femme et enfants s'affairent au petit commerce, l'homme somnole dans un hamac ou une paillasse!!!
Dans d'autres" estaminets" ce n'est pas le cas, mais il faudra du temps pour faire évoluer la condition féminine au Cambodge, Et en France croyez vous que tout soit gagner de ce côté également?

Tous les cambodgiens n'ont pas les moyens de s'offrir de petits hôtels à prières et offrandes.
Alors ils le confectionnent avec simplicité. Le matin on y brûle de l'encens et on dépose de la nourriture. 

Et oui Catherine il y même des vaches avec des bosses derrière la tête.

Ces marchands ambulants se déplacent souvent en caravane et semblent vivre dans la caravane. J'ai pu constater lors l'un de arrêt en rase campagne au dessus d'un pont que certains lançaient l'épervier dans la rivière.

Le parc vélos de l'école.

Pratique de l'écobuage. Une fois les sols grillés ils pourront être cultivés.
Avant le coucher le café de l'amitié avec "Saï".

"Saî" mon hôte a accepté que je dorme sur les planches de son épicerie. La soeur de son épouse aux fourneaux me confectionnera un excellent plat de porc grillé avec du riz. En attendant l'extinction des lumières je peux m'atteler à ma page d'écriture journalière.







Arrivée sur le pont qui traverse le Mékong, terminé il y a deux ans. Dommage moi j'aime bien les passages de bac.

Sa majesté Mékong vu du pont.


Au dessus je vous parlais des petits hôtels à prières et offrandes, voilà ceux que l'on trouve
 chez des particuliers dans le jardin ou sur le balcon.  



Arrivée à Strung Treng sur les bords du Tonlé San qui se jette dans le Mékong à quelques kilomètres. Il est très large et sur cette digue avancée dans l'eau les motards viennent y laver leur moto. Scène déjà vue sur le Tonlé Sap.


Toujours le Tonlé San, on aperçoit le pont que je traverserai demain pour prendre direction 
plein nord vers la frontière du Laos. 



Karl, un marcheur allemand.


Après quelques 70 kilomètres je quitte la route et m'engage sur une piste à gauche  pour rejoindre le Mékong.
 Après 15 kilomètres voilà ce que je découvre. Cela valait bien le détour.
 Un petit village accueillant, je trouve un hébergement dit "home stay", un pêcheur me propose d'aller à la rencontre des dauphins d'eau douce, durée deux heures, moyennant quelques dollars  
Au retour j'enfourche un moto-bike pour aller voir les chutes du Mékong.











Sur le Mékong.


Sur le Mékong d'étranges arbres.



Proue de la barque du pêcheur.


Mon pilote pour près de trois heures de navigation.


"Le site où s'ébattent les dauphins d'eau douce de l'Irrawaddy.
 En nombre décroissant on retrouve cet espèce sur quelques tronçons du Mékong 
au Cambodge, au Laos, au Bangladesh et en Birmanie.
Ce cétacé bleu-gris sombre peut atteindre 2,75 mètres de longueur"

Pour les photographier encore faut-il avoir l'objectif bien positionné!! à vous de chercher.






A moto-bike je remonte ensuite jusqu'aux chutes du Mékong de Li Phi, côté cambodgien. Le fleuve butte sur une immensité de rochers, plantés en terrasse, créant de ci delà de fabuleuses chutes. Du bord on ne peut tout apercevoir.
J'avais essayé de négocier avec mon brave pêcheur de remonter au delà du site où vivent les dauphins, mais il a refusé parce que son bateau n'était pas adapté au rapides.
Demain coté Laos je devrais voir l'autre rive avec des chutes de même nature.













Fin d'après midi sur la place du village.


Coucher de soleil sur le Mékong. Il est 17h 45.



Mon dîner se prépare sur ce brasero. 


A quelques kilomètres de la frontière sur la n° 7!
Ces bornes vous rappellerons certainement quelque choses.


 Et ça marche, ça tire même!



 Exemple de mobilier cambodgien. C'est du solide,
 Ikéa connais pas ici!


 Dernier étalage en plein air. Elle est belle ma tête de cochon!


Ces pompes à essence rappelleront certainement quelque chose aux anciens!

 
 Dernier village avant la frontière.



La frontière cambodgienne.



Quelques choses vécues et autres précisions.

La circulation.

En ville çà roule dans tous les sens. Le premier arrivé passe. La notion de priorité connaît pas. 
Quand je tourne à gauche je coupe et longe le trottoir jusqu'au moment où je puisse me rabattre à droite. Conséquence ceux qui arrivent en face de toi se déportent sur le centre de la route pour te laisser passer.
Les feux tricolores il y en a peu. Mais j'ai jamais compris comment les utiliser, chacun passe à sa guise.
Les sens interdits, çà existe, mais pas pour les deux roues, ni les tuk-tuks. Si une voiture n'a que quelques centaines de mètres à parcourir elle l'emprunte joyeusement.
Pour les piétons les trottoirs existent, mais ils sont utilisés par la restauration de rue, les étales des commerces et autres artisans. Lorsqu'il reste de l'espace les motos et voitures stationnent en épis face aux façades  des immeubles. Conséquences pour avancer tu n'as pas le choix tu marches sur la chaussée. Périodiquement un klaxon te rappelle qu'il faut laisser la place. 
On s'y fait très vite à pied et  à vélo et  si tu circules selon la pratique française tu risques de te mettre en difficulté puisque les autres ne comprennent pas ta manoeuvre.
Sur la route il y a régulièrement des contrôles de police. Jamais je fus stoppé. J'arrive avec un grand sourire, hello, et l'on me fait signe de poursuivre ma route.
Dans la circulation je ne me suis jamais senti en danger.

Orientation.

Pas toujours simple, tes deux cartes te donnent la route 66. In situ impossible à trouver. Alors tant pis tu prends la route 64 et çà  marche. Idem pour la route 9 marquée 124 sur mes cartes.
Lorsque tu demande ta route à un carrefour. Le cambodgien est toujours prêt à t'aider. Seulement voilà si ils sont trois tu disposes de trois directions différentes.

La population.

15,5 millions d'habitants. Une espérance de vie de 65 ans. 
La moitié de la population a moins de 25 ans.
Mortalité infantile importante: 45 naissances pour 1 000.
Taux d'alphabétisation de 78%.

Les enfants.

C'est un réel plaisir de rencontrer les enfants ici. Leur sourire dit tout de leur gentillesse et la satisfaction de vous rencontrer. 
Tout au long de la route j'avance en entendant des hello, des bye bye. Tu y réponds de la même manière avec un signe de la main. Ainsi tes mains n'ont pas le temps de s'ankyloser sur le guidon.

En roulant on pense, pendant que les jambes s'activent, la tête pense ou repense.
Alors il m'est revenu à l'esprit mon Paris-Brest- Paris (épreuve non stop à vélo de 1237 km, plus de 
5 000 participants dont 1 800 français qualifiés, les autres participants venant des cinq continents) où sur le bord de la route les nombreux spectateurs te lancent des "courage, courage". Ici au Cambodge j'entends aussi leur hello comme un salut encourageant.

Accueil cambodgien en France, connaissant ma pratique du vélo avait imaginé que je puisse initier des jeunes à la pratique du voyage à vélo. Le projet ne verra jamais le jour. Aujourd'hui les jeunes roulent à moto. 

La cuisine.

Dans vos courriels cet objet est souvent interrogatif. Eh bien oui on y mange des araignées, des sauterelles, des scorpions et autres insectes grillés. Le bol de soupe avec des nouilles se prend au petit déjeuner et tout au long de la journée. Les plats sont souvent accompagnés de riz et de verdures. 
Les viandes sont bouillies ou grillées. 
Un soir je vois une viande grillée sympathique. Je commande. En dégustant je demande la nature de la bête, c'était de l'oiseau mais je n'ai jamais su lequel.
Pour se mettre en appétit, rien de tel que de soulever les couvercles des popotes sur le feu et tu choisis ce qui semble le mieux te convenir. 
J'évite les glaçons que l'on te sers généreusement, par ces temps chauds c'est logique, mais tu ignores avec quelle eau ils ont été produits.


Voilà je vais quitter le Cambodge. 
L'on m'avait dit mais tu es déjà allé, pourquoi y retourner? 
Ce peuple attachant m'avait touché lors de mon premier passage. Ma question comment après quarante ans une population qui a connu une terrible guerre civile  peut-elle s'en remettre. Parmi les kmers rouges il y avait certainement des membres de ta famille, des voisins, des amis. Après presque quatre ans de terreur comment revivre ensemble?
Je n'ai pas de réponse à cette question. Les cambodgiens semblent faire preuve de résilience. Tant mieux pour eux. Pourvu qu'ils réussissent non pas à oublier mais à retrouver la paix qu'ils méritent. Avec une jeunesse représentant 50 % de la population les choses devraient aller vite maintenant.

Remerciements à Jean Bernard Berger.

Je voudrais conclure avec des remerciements à Jean Bernard Berger, fondateur et toujours responsable d'Accueil cambodgien en France qui m'a fait découvrir le Cambodge. Jean Bernard était prêtre catholique de Phnom Penh lorsque la capitale fut envahie par l'armée kmer rouge. Comme plusieurs centaines de personnes cambodgiennes mais aussi étrangères il se réfugia sous les hospices de l'Ambassade de France. Cette terre d'asile à Phnom Penh fit couler beaucoup d'encre dans la presse, la pseudo négociation avec les kmers rouges pour extrader ces personnes dura longtemps. Mais les kmers rouges ne voulaient pas que les cambodgiens réfugiés dans l'ambassade bénéficient d'une ex filtration vers l'étranger. 
Jean Bernard pu rejoindre la France dans des conditions rocambolesques sous le contrôle kmer rouge jusqu'à la frontière thaïlandaise.
De retour en France il créa Accueil cambodgien en France pour les raisons que vous imaginez.  

Au revoir le Cambodge,


Voilà c'est tout pour aujourd'hui, à bientôt.

Prochains articles sur laos-jeanpaul.blogspot.com

Jean-Paul
jeanpaulegret2@gmail.com